Archéologie expérimentale

La céramique, archéologie et expérimentations

Depuis le néolithique, il y a environ 10 000 ans, l’art de la céramique accompagne les sociétés humaines dans leur développement.
Trois éléments fondamentaux interviennent dans la fabrication de la poterie : l’argile qui constitue la matière première, l’eau pour traiter la terre et pour son façonnage et le bois pour alimenter les fours.
À l’origine essentiellement utilitaires, les céramiques vont au fil des millénaires permettre aux potiers d’exprimer leur créativité.
Dans l’espace méditerranéen antique, les productions athéniennes des époques classique et hellénistique atteignent un niveau de raffinement esthétique exceptionnel. Les artistes signent parfois leurs œuvres, preuves de leur statut particulier.
Les formes adoptées correspondent d’abord à des usages particuliers. Mais, les typologies peuvent évoluer, influencées par des modes ou pour imiter par exemple la vaisselle en métal précieux.


Les différentes familles de céramique caractérisées par leur fonction, leur aspect ou leur technique de fabrication n’ont cessé d’évoluer au gré des découvertes et des inventions. Simple terre cuite à l’origine, la céramique va se diversifier dans l’espace et dans le temps pour devenir faïence, grès ou porcelaine.
Initialement produite en exemplaire unique, la céramique en série apparaît dès l’Antiquité, telle la céramique sigillée en Italie puis en Gaule. Des moules, lisses ou décorés, permettent dans certains ateliers installés à La Graufesenque à Millau (Aveyron) ou à Lezoux (Puy-de-Dôme) la réalisation de milliers d’exemplaires d’un même modèle. La sigillée, qui tire son nom du terme sigillum qui signifie sceau, ou signature, apposé par les potiers souvent sur le fond de l’objet, est le fruit d’une avancée technique importante. Pour obtenir ce bel aspect brillant rouge orangé, les Romains ont mis au point des fours pouvant atteindre des températures plus élevées que dans ceux habituellement utilisés. Les poteries n’étaient pas au contact des flammes, mais cuites indirectement grâce à des tuyaux eux-mêmes en céramique, les tubulures, qui chauffaient les pots par rayonnement à plus de 1 000°C.
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Tour de potier - musée de Saint-Romain-en-Gal

Comprendre les techniques des potiers antiques est un des objectifs principaux que le musée de Saint-Romain en Gal – Vienne s’est fixé depuis plus de trente ans. Ses équipes, accompagnées par Armand Desbat céramologue et ancien directeur des fouilles du site archéologique, en partenariat avec le Laboratoire ArAr, Archéologie et Archéométrie, ont développé un programme d’archéologie expérimentale inédit autour de la céramique romaine. Les différents types de structures destinées à la cuisson des poteries, souvent réalisées par Jean-Jacques Dubernard potier à Roussillon et partenaire du musée depuis les années 1980, permettent de confronter les données archéologiques et les résultats expérimentaux.
Elles offrent plusieurs types de cuisson correspondant aux différentes familles de céramiques connues à l’époque romaine et parfois produites sur le site de Saint-Romain-en-Gal il y a 2 000 ans, telles les céramiques communes claires ou les sigillées. Le dernier four construit par les équipes du musée est justement un four à tubulures. Utilisé pour la production de la céramique sigillée, il sera, au cours des futures expérimentations, essentiel à une meilleure compréhension des techniques de cuisson empruntées aux potiers romains.

Armand Desbat-Saint-Romain-en-Gal
Jean-Jacques Dubernard-Saint-Romain-en-Gal

Un espace de reconstitution des fours de potiers

Sur le site de Saint-Romain-en-Gal, au sein du Domaine des Allobroges, espace dédié à l’expérimentation archéologique et à la reconstitution historique, ces fours de potiers, grâce à des cuissons régulières, constituent des supports scientifiques et pédagogiques exceptionnels. Mis en fonction à l’occasion des grands événements du musée, comme les Journées Gallo-Romaines ou les Vinalia, ils servent à la fois d’objets d’étude et de valorisation du site archéologique et de la collection du musée auprès du grand public.
Récemment, l’espace des fours a été enrichi avec la création de fours à pain et de verrier reconstitués.

Four de potier-Site archéologique de Saint-Romain-en-Gal

Un site toujours vivant

Privilégiant la reconstitution historique et l’expérimentation archéologique, le musée gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal – Vienne propose un espace unique en France mettant en scène les pratiques quotidiennes de l’époque romaine : viticulture, cuisines, médecines et artisanats.

Le Domaine des Allobroges

Ce domaine, ouvert au public depuis 2008, s’étend sur plus de 3 000 m2 avec un vignoble à l’antique, un jardin avec un vignoble à l’antique, un jardin botanique et des reconstitutions de fours de potiers gallo-romains.

Un vignoble à l’antique

Le musée vous propose de partager le savoureux héritage d’une terre rendue viticole par la conquête romaine et qui, depuis, perpétue la tradition avec des vignobles aujourd’hui mondialement reconnus… ! Plus de 300 ceps de vigne de quinze cépages différents répertoriés parmi les plus anciens de France ont été choisis par Michel Bouvier, historien du vin, et Thierry Lacombe, ingénieur de recherches à l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA). Inzolia, Savagnin, Mondeuse Noire, Barbera, Muscat à petit grains, Gouais, Petit Verdot, Silvestris, Cabernet franc, Malvasia di Sardegna, Petit Manseng, Rèze, Nebbiolo, Muscat d’Alexandrie, Grenache proviennent de l’unité expérimentale du Domaine de Vassal (34) qui héberge la collection nationale et internationale de vignes de l’INRA.

Un jardin romain

Dans ce jardin botanique, créé sur le site, le public découvre l’importance des plantes dans la vie quotidienne des Gallo-Romains. Plus d’une centaine de variétés sont présentes : ail, aneth, buglosse, céleri, coriandre, cumin, cassis, carvi, fenugrec, gentiane, herbe à bison, hysope, iris, laurier, livèche, lin, menthe, marjolaine, moutarde, myrte, oignon, origan, pavot, persil, rue, sarriette, thym, valériane, verveine… Pendant l’Antiquité, ces plantes étaient utilisées dans la fabrication du vin, comme plantes potagères, médicinales ou encore tinctoriales (servant à préparer des colorants et des teintures).