Giulia Ciucci : « Nous fouillons pour redonner la vie à ce passé, redonner la parole à ce passé muet »

Giulia Ciucci

« Nous fouillons pour redonner la vie à ce passé, redonner la parole à ce passé muet »

La responsable scientifique des sites archéologiques du musée du Département est une spécialiste de l’architecture romaine. Elle y co-dirige cet été la reprise des fouilles avec l’objectif de mieux comprendre comment les habitants de l’antique Vienna vivaient il y a 2 000 ans.

« Quand elle m’attendait, ma maman se promenait dans les ruines de Pompéi et d’Herculanum. C’est là que tout est né. » Huit ans plus tard, Giulia Ciucci demandait à son institutrice qui terminait un cours sur l’Antiquité comment il fallait faire « pour étudier les Grecs et les Romains toute sa vie ». « Devenir archéologue », lui répondit l’enseignante. Ce fut dit et bien dit. Lycée classique pour apprendre le grec et le latin, Licence à La Sapienza à Rome, Master à l’Orientale à Naples, l’une des plus fameuses facultés d’archéologie au monde, Doctorat en co-tutelle avec l’université d’Aix-Marseille, la jeune Italienne se donne les moyens d’exercer ce qu’elle considère comme « le plus beau métier du monde ».

« Saint-Romain est comme une Belle au bois dormant sur un potentiel de découvertes énorme »

Spécialiste du bâti et de l’architecture à l’époque romaine, elle participe sous la direction de Laetitia Cavassa à la mise au jour de la plus ancienne sépulture intacte de Pompéi, une tombe samnite datant du IV e siècle avant Jésus-Christ, elle prend part sous la direction de Françoise Villedieu aux fouilles au sommet du Mont Palatin à Rome de la salle à manger de Néron, tournant jour et nuit sur elle-même pour imiter le mouvement du monde. Comme décrite par Suétone dans sa biographie du cruel empereur réputé pour son extravagance. Giulia Ciucci est aujourd’hui la responsable scientifique des sites archéologiques du musée gallo-romain du Département du Rhône à Saint-Romain-en-Gal, et à ce titre y co-dirige la reprise cet été des fouilles.

« Avec ses sept hectares, l’endroit est exceptionnel entre Méditerranée et Océan, entre Nord et Sud, à proximité d’un fleuve majeur comme le Rhône. Saint-Romain est comme une Belle au bois dormant sur un potentiel de découvertes énorme et présentant une expérience de formation unique pour les étudiants. »

Retrouver l’endroit où a été découverte la Mosaïque des Saisons

Giulia Ciucci et ses étudiants auront la charge d’explorer les 1 000 m2 où la Mosaïque des Saisons a été potentiellement déterrée en 1890 par le soc de charrue d’un agriculteur. « Cette découverte a été partiellement documentée à l’époque mais pas localisée formellement. Nous intervenons dans une zone inexplorée », se réjouit la chercheuse qui n’a encore « jamais eu la chance de diriger des fouilles d’une telle ampleur, qui seront de plus tournées vers le public, ce qui m’attirait depuis longtemps ». De longues heures dans la poussière sous le soleil ou peut-être dans la boue sous la pluie, « en mode colonie de vacances sans les vacances », où la rigueur ne devra rien céder à la fatigue souvent, à l’énervement de temps en temps. « Nous fouillons pour comprendre comment ces gens vivaient il y a 2 000 ans, pour redonner la vie à ce passé, redonner la parole à ce passé muet. »

Les actualités des fouilles

Suivez semaine après semaine l’avancée des fouilles archéologiques de l’été 2025 à Saint-Romain-en-Gal. Entre zone nord et zone ouest, chaque semaine réserve son lot de découvertes !

Zone nord - Du 7 au 13 juillet

Contenu à venir prochainement

 

À la découverte de nouveaux vestiges

Des visites du chantier de fouilles vous permettront de suivre l’avancement des recherches, d’observer le travail des archéologues et de comprendre l’organisation d’un chantier archéologique. Les archéologues vous présenteront leurs méthodologies de travail, leurs hypothèses, leurs interrogations et bien sûr leurs découvertes.